La série Netflix Mercredi, réalisée partiellement par Tim Burton, n’a pas su créer que des polémiques.
Elle a aussi fait découvrir, voire même, redécouvrir, des chansons dont certains n’avaient encore jamais entendu le moindre couplet, ou dont la mélodie avait tout simplement sombré dans l’oubli.
Mais quelles sont donc ces musiques ayant participé au succès de la série, et étant devenues véritablement virales ?
Quelle est la musique du bal dans Mercredi ?
La danse de l’épisode 4 est sans doute la scène la plus culte, de la deuxième série la plus vue de l’histoire de Netflix.
Nullement danseuse à l’origine, l’interprète de Mercredi, Jenna Ortega, prit cependant la responsabilité de chorégraphier la danse par ses soins.Très attachée à l’idée de rester le plus fidèle possible à la personnalité de son personnage. Allant même parfois jusqu’à refondre certaines répliques, considérées comme trop contradictoires avec le caractère de Mercredi.
De cette façon, elle refusa d’avoir recours à un chorégraphe et créa la danse en seulement deux jours. En s’inspirant de vidéos de Siouxsie and the Banshees, d’images d’archives d’enfants gothiques dansant dans des clubs, de Lene Lovich, ou encore Nina Hagen.
Mais ce sont les mouvements de danse de Denis Levant, paraissant dans le film français Beau Travail, qui l’influencèrent le plus.
L’actrice rendit également un bref hommage à Lisa Loring, première interprète de Mercredi Addams, et à son shuffle. Visible dans la série télévisée de 1964, La famille Addams.
Le choix musical de Tim Burton pour cette prestation, s’orienta vers le single de 1981, Goo Goo Muck, des Cramps. L’un des groupes préférés de Jenna.
Les superviseuses musicales de la série, Jen Malone et Nicole Weisberg, ont confié avoir toujours gardé The Cramps dans leur playlist.
Elles ont aussi expliqué que l’équipe avait opté pour ce titre car le groupe allait parfaitement avec le personnage sinistre de Mercredi.
Bloody Mary : un phénomène Tik Tok
Contrairement à ce que certains ont pu croire, Bloody Mary n’a jamais été entendue dans la série Mercredi.
La chanson de Lady Gaga, extraite de son album Born This Way, aurait néanmoins pu facilement se glisser parmi la playlist de la Nervermore Academy.
Effectivement, à l’époque de sa sortie (2011), le magazine NME l’avait décrite comme “une électroballade sombre, palpitante et atmosphérique, presque funèbre”.
De même que Pitchfork avait, pour sa part, mentionné l’aspect gothique de la chanson.
Ce qui est tout à fait compréhensible, lorsque l’on sait que son thème est, en partie, inspiré de la légende urbaine aux multiples versions, Bloody Mary. Et fait également référence à Marie Ière d’Angleterre. Reine catholique ayant fait envoyer au bûcher pas moins de 280 protestants.
Toutefois, Gaga déclara que les paroles se rapportaient davantage à Marie-Madeleine (disciple de Jésus). Ainsi qu’à sa Rolls Royce, qu’elle avait surnommée Bloody Mary.
Titre autrefois passé inaperçu. Bloody Mary s’est transformé en un tube incontournable, grâce au réseau social à la popularité indéniable : Tik Tok.
Des utilisateurs s’étant permis de revisiter la danse du bal, en remplaçant la musique initiale par une version accélérée de la chanson interprétée par la Mother Monster.
Un retentissement complètement inattendu, qui lui rapporta un gros volume d’audience à la radio, de nombreux téléchargements vendus, l’intégration d’une place au sein du Billboard Hot 100, et même un disque de diamant en France.
Bien que diverses célébrités, à l’instar de Lady Gaga, Kamila Valieva ou Kim Kardashian aient profité de la montée du phénomène. Jenna Ortega ne s’est, en revanche, pas particulièrement réjouie de la viralité de sa chorégraphie.
Pourtant, Netflix l’avait quelque peu prévenue, en lui affirmant que sa danse risquait de devenir “une mode Tik Tok”.
Goo Goo Muck : une chanson indécente pas si méconnue
La fin des années 50 et le début des années 60 marquant l’avènement des disques de rock, empreints de la fureur des séries et des films d’horreur de l’époque.
C’est ainsi que Goo Goo Muck, narratrice de la métamorphose d’un jeune adolescent en un monstre nocturne, fut écrite par Ronnie Cook, chanteur de R&B de Bakersfield (Californie), et Edward James, plus tard membre des Tikis.
Ceci avant d’être enregistrée par Ronnie, en 1962, auprès des Gaylads, groupe de rocksteady, formé à Kingston (Jamaïque).
La mélodie et la partie de saxophone étant tirées de la chanson New Orleans de Gary US Bonds.
Malheureusement, le titre ne parviendra pas à atteindre les charts.
De même que Ronnie et The Gaylads ne concevront plus aucune œuvre ensemble, par la suite.
Un autre groupe viendra pourtant redonner un peu de peps à la chanson, en 1981, The Cramps.
Formé par Lux Interior (chanteur) et Poison Ivy Rorschach (guitariste).Tous deux fans des reprises de classiques du rock. Mais aimant avant tout pimenter ces dernières avec leur petite touche personnelle : les doubles sens coquins.
Ainsi, le groupe décida de ne pas épargner Goo Goo Muck, n’hésitant pas à détourner le sens de la chanson, pour leur album Psychedelic Jungle.
Par conséquent, ils troquèrent le monstre-tueur de base, pour un individu à l’énergie sexuelle débordante.
Ils remplacèrent la partie de saxophone par un riff de guitare, pour un résultat plus rockabilly et plus envoûtant. Et ajoutèrent des imitations d’animaux.
Leur reprise ayant déjà été entendue parmi la bande-son du film Massacre à la tronçonneuse 2, en 1986. Le groupe connaît désormais un important regain de notoriété, grâce à sa diffusion au sein de Mercredi.
Quel morceau de violoncelle joue Mercredi ?
Mercredi peut être vue à deux reprises, en train de jouer du violoncelle, dans la série.
D’abord dans la scène issue de l’épisode 1, où elle se trouve sur le balcon de sa chambre, au sein de l’académie.
Elle y joue alors Paint it, black des Rolling Stones. N°1 des charts américains et britanniques, en son temps.
La chanson décrit une personne rongée par le deuil et la désarroi, désirant voir tout ce qui l’entoure en une seule couleur : le noir.
A l’époque (1966), Mick Jagger (chanteur) et Keith Richards (guitariste) voulurent assigner au titre des sons psychédéliques, indiens et du Moyen-Orient.
Le morceau fut ainsi produit avec l’ajout d’un orgue Hammond, de castagnettes et du fameux riff de sitar développé par Brian Jones (guitariste). Présent tout au long de l’audio.
On est là bien loin du solo de violoncelle à la difficulté extrême, personnalisé par Mercredi.
Vient ensuite la scène de l’épisode 3, où Mercredi joue une adaptation au violoncelle de Don’t Stop, d’un autre groupe de rock, Fleetwood Mac. Accompagnée par la fanfare du Jericho High School, sur la place de la ville.
Christine McVie (claviériste de Fleetwood Mac) ayant écrit cette chanson, en y évoquant le fait de laisser le passé derrière soi. Il est ainsi curieux de constater que ceci soit joué juste avant que la statue de Joseph Crackstone ne s’enflamme.
Moment où l’assoupissante interprétation de Don’t Stop est convertie en une exécution fougueuse. Laissant place à l’un des extraits des Quatres Saisons de Vivaldi : L’Hiver.
Qui, par ailleurs, est originellement un concerto pour violon, et non pour violoncelle.
Est-ce vraiment Jenna Ortega qui joue du violoncelle ?
Non. Bien que la comédienne se soit exercée avec l’aide d’un professeur de violoncelle. Elle n’est pas apte à jouer un morceau, dont certains passages sont presque impossibles à reproduire. Y compris pour des violoncellistes professionnels.
Ce qui est normal, puisqu’ il semblerait qu’il s’agisse d’une adaptation destinée pour deux violoncelles !
Avant d’incarner ce rôle, Jenna n’avait aucune notion musicale. A l’exception de quelques bases de guitare.
Elle a donc dû prendre plusieurs cours de violoncelle pendant deux mois, avant le tournage de Mercredi.
C’est d’ailleurs le Prélude, de la première suite pour violoncelle de Bach qu’elle s’est entraînée à jouer.
Morceau dont on peut voir la partition durant la scène !
Il peut être noté que les leçons que Jenna a dû prendre, n’étaient prévues qu’afin de la rendre capable de mimer les techniques d’une véritable violoncelliste, et de rendre son jeu plus crédible aux yeux des spectateurs.
Plusieurs erreurs et incohérences ont pu être relevées au sein de la scène (et de l’audio qui y est entendue) par des violoncellistes professionnels, ayant fait part de leur avis sur YouTube.
Ceci incluant :
- un violoncelle trop haut affectant sa posture (son cou est trop avancé)
- des pizzicatos énigmatiques ( éventuellement effectués avec un violoncelle électrique)
- une suite de sons impossible à exécuter (telle qu’on l’entend dans la série en tout cas)
- un vibrato n’ayant pas lieu d’être
Naturellement, Jenna Ortega mérite tout de même de grands applaudissements, au vu du peu de temps dont elle disposait afin de se familiariser avec l’instrument.
Sa mission ayant été accomplie, puisque ses gestes et ses placements furent plutôt réussis. Faisant paraître son jeu tout à fait crédible.